D’aussi loin que je me souvienne, je t’ai toujours connu une caméra à la main, à filmer tout et tout le temps : tes grands voyages autour du monde, ta « Joujou » adorée, tes amis, les anniversaires, Noël, les grands événements familiaux en général… Tout. tu as tout filmé. Enfin surtout nous en fait, tes petits-enfants.
Des images de mon enfance, j’ai la chance d’en avoir des tonnes grâce à toi. Mes premières bouchées en chaise haute où je plisse les yeux de plaisir en découvrant le goût des fraises dans le fromage blanc, mes innombrables chamailleries avec ma sœur (coucou Camille ^^), l’arrivée de mon premier petit frère… J’ai des souvenirs d’instants qui se seraient juste envolés si tu ne les avais pas figés dans le temps pour nous.
Dis, quand tu nous filmais comme ça, tu le savais que tu étais en train de nous offrir des souvenirs ? Toi qui nous as tant gâtés en nous couvrant de mille et un jouets durant toutes ces années, tu avais conscience que ce serait tes images, en fait, le plus beau des cadeaux ?
Aujourd’hui, il me suffit de manger une de ces madeleines de Proust que tu nous as laissées pour repartir en vacances chez vous, au « Moulin ». J’ai de nouveau six ans et je dispute mes premiers tournois de ping pong avec Grand-Mère, qui m’apprend à taper les balles. J’ai dix ans, et je joue une énième partie de belotte avec vous deux. Je me gave de « pastachoute » en regardant avec toi un de ces films qu’on m’interdit à la maison sous prétexte que je suis trop jeune… Et je revis tout ça, grâce à la magie de tes images.
En vrai, ils n’avaient rien d’exceptionnel, ces moments que tu as capturés. C’était la vie de tous les jours, quoi. Mais tu l’as rendue éternelle. Et maintenant que cette époque s’est envolée, que tu t’en es allé rejoindre ces étoiles que tu aimais tant observer, que Grand-Mère a perdu tous ses souvenirs sur terre avant de partir s’en créer d’autres avec toi là-haut, ces instants anodins ont pris une valeur inestimable. En les immortalisant, c’est le plus beau des héritages que tu nous as légué.
Aujourd’hui, c’est à mon tour de passer derrière l’objectif. Cette nécessité, cette volonté de graver tous ces instants qui nous échappent, tu me l’as transmise. Je le fais avec passion… comme toi. Pour mes enfants, et pour les familles qui me font confiance.
Alors Merci Grand-Père. Vraiment.
Je t’aime.